Un peu d’histoire
Au 15ème siècle, la treff (1) de Locmicaël comprenait six villages : Locmicaël, Brangolou, Poulanbriz, Kerancambre, Kerpasquic et Kerrenaut. Au 16ème siècle, le moulin de Beneval complète la treff. Une carte du début du 20ème siècle décrit les contours de l’actuel quartier Saint-Michel. On y recense les villages de Saint-Michel, moulin de Becarec, Kerhuleau, Kerhouat-Benoual, moulin de Benoual, Brangoulo, château de Kerbastic, Poulbriz, Kergoldec, Beg-En-Enez, moulin de Beg-En-Enez, Bilerit, Kerhuel, Kerlann, Kerdudal, Nénégniau, Kerlec, Kéroual, Kervignou, Bellamer, Poulesant et la Villeneuve-Piriou. Au fil des années, l’orthographe de certains villages a évolué sans pour autant changer leur identification. De nos jours en y ajoutant Kergam, Kernod et Kervardel, vingt-cinq villages composent le quartier Saint-Michel.
(1) Une trêve (ou treff en breton) est en Bretagne une succursale de paroisse, subdivision rendue nécessaire par l’éloignement du lieu de culte paroissial. Ce terme religieux a, en toponymie, le sens de quartier.
Un vieux chêne protecteur
A l’entrée ouest de la chapelle, un chêne semble protéger l’édifice religieux. Les 3,32 mètres de sa circonférence datent sa plantation du début du 18ème siècle. La circonférence d’un chêne placé à cet endroit augmente de 1,2 cm par an. Avec 3,32 mètres de périmètre, on peut évaluer à au moins 276 ans l’âge de cet arbre. Durant trois siècles, notre chêne a pu suivre les transformations de la chapelle et de ses environs. Il a surtout vu le dévouement des gens du quartier pour que perdure le pardon de Saint-Michel. Alors que s’est-il passé dans ce quartier durant cette longue période ?
1774-1979 : deux siècles, deux chapelles
Face à notre arbre tricentenaire, sur une niche au-dessus du porche d’entrée, une date 1774 nous renseigne sur l’origine de la première chapelle. Le cadastre napoléonien confirme la présence d’un bâtiment à cet emplacement en 1818. Le clocher actuel date de cette époque mais y-avait-il une cloche ? Lors de la rénovation en 1982, un bénévole de l’association, Jean-Yves André, a soigneusement retranscrit les inscriptions écrites sur la cloche actuelle. « 1812- Saint-Michel, Michel-Anne, Louise PLP Montagner, MAF Muller, Le Leslé recteur, J Toulliou trésorier, Margely F.A Lorient ».
Yves Le Leslé était recteur de Guidel entre 1803 et 1814. La présence de son nom sur la cloche confirme bien la date de 1812 inscrite sur la cloche. Les autres inscriptions précisent le nom de la cloche, celui des parrain et marraine, du trésorier de la paroisse et du fondeur. Salomon Le Labousse succède à Jean Jaffré comme recteur de Guidel en 1896. Le 24 avril 1897, il bénit solennellement la première pierre de la nouvelle chapelle rebâtie sur l’emplacement de l’ancienne, grâce à la générosité de la famille de Polignac. Le 26 septembre 1897, l’évêque de Vannes, Monseigneur Bécel bénit officiellement le nouvel édifice.
Un quartier en souffrance pendant la seconde guerre mondiale
Le conflit mondial de 1939-1945 épargne notre arbre mais le quartier de Saint-Michel est le théâtre de plusieurs faits de guerre. Tout d’abord, les habitants de Kerouat-Benoal verront les Allemands construire un pont sur la Laïta entre 1942 et 1943. L’édifice sera partiellement détruit début août 1944. L’origine de la destruction est encore un mystère, notre chêne lui, doit savoir. Le 6 août 1944, les Allemands se replient, forment une ligne partant de la Laïta passant par Kerulo et Saint-Michel (limites de la poche). Les Américains sont au château de Bothané. Il ne fait pas bon vivre dans les villages situés dans cette zone. Les Allemands établissent un point fortifié entre les villages de Kérulo et de Kerhouat-Benoal avec un point de vue superbe sur la Laïta. Ils peuvent ainsi dominer les positions françaises sur la rive finistérienne. Une opération franco-américaine se met en place pour détruire ce bastion. Le jeudi 24 août 1944 à 13 heures, c’est le début de la bataille de Kérulo. Trois résistants sont tués. L’armée allemande encercle les assaillants qui se replient sur Bothané. La libération de Guidel attendra. Brangoulo, proche village de Saint-Michel sera lui aussi impacté par le conflit et perdra un de ses habitants. Le 23 février 1945, un obus endommage la sacristie et les verrières de la chapelle. Notre chêne échappe aux bombes allemandes et a certainement vu les habitants du quartier mettre les récoltes de céréales à l’abri des troupes allemandes.
1981 : création de l’association Les Amis de Saint-Michel
Dès 1979, sous l’impulsion de Joseph Le Corre, les habitants du quartier, soucieux de préserver leur chapelle, décident, le 24 janvier 1981, de créer une association Les Amis de Saint-Michel. L’objectif principal de l’association, déclarée en préfecture le 16 septembre 1981, est : entretenir la chapelle et créer des liens d’amitié entre les habitants du quartier. André Tanguy sera le premier président. François Aubertin lui succède en 1988. Depuis 1995, Monique Le Pennec préside l’association.
Le pardon du renouveau très festif et sportif
Le 28 septembre 1980, les alentours de Saint-Michel sont animés. Pour ce premier pardon du renouveau, les amis de Saint-Michel mettent en place un programme festif. Après la messe du matin, un inter-quartier anime l’après-midi. Les quartiers de Saint-Michel, Locmaria, Saint Laurent et du Templo (Pont-Scorff) s’affrontent amicalement au tir à la corde, au lancer de bottes de paille et à la course à la brouette. La recette de la journée (400 francs) permet de débuter la rénovation de la chapelle.
1981, la fête prend de l’ampleur. L’inter-quartier est toujours présent. La nouveauté est la mise en place d’un semi-marathon. Pour cette première édition, 120 participants s’affrontent sur un parcours de 19.85 kilomètres autour de Saint-Michel. Le soir, un bal public clôt la journée. Cette année 1981 est aussi celle des premiers grands travaux : peinture extérieure, nettoyage intérieur et extérieur de la chapelle.
1982, la rénovation s’accélère. Le 3 avril 1982, la cloche est descendue. Joseph Lomenech refait le mouton et la cloche retrouve sa place le 24 avril 1982. Les bénévoles nettoient les pierres apparentes. L’enduit extérieur est entièrement refait et les vitraux retrouvent leurs protections. Le 26 septembre, le pardon connaît à nouveau le succès. Si l’inter-quartier a disparu de l’animation, le semi-marathon tient en haleine les nombreux spectateurs échelonnés sur le parcours. Cette année 1982, pour la première fois, les membres de l’association proposent deux repas, un le midi et un autre en soirée.
1983, la fontaine restaurée est bénie par le recteur, l’abbé Le Rouzo. Un lâcher de parachutistes ponctue l’arrivée du semi-marathon. Les années suivantes, l’association proposera une activité nouvelle pour animer l’après-midi.
1984, à la foire aux animaux succèdera la promenade à dos de chameau, un baptême en hélicoptère, une démonstration de chien de défense, une foire aux puces, un lâcher de pigeons et une exposition d’automates. Durant toutes ces années, le succès du pardon est croissant. 500 repas sont parfois servis entre le midi et le soir. Le nombre de participants au semi-marathon est proche des 400 et son organisation pose de nombreux problèmes : certificats médicaux obligatoires, présence des pompiers et de médecins urgentistes.
2002, réunis en assemblée générale, les amis de Saint-Michel décident de modifier le programme du pardon du 29 septembre. C’est la fin du semi-marathon ainsi que du repas et du bal en soirée. La nouvelle animation proposée est un Fest Deiz. Ces dernières années, le programme du pardon est resté inchangé : bénédiction de la fontaine, messe à 10h30, repas et Fest Deiz pour les passionnés de danses bretonnes.
Contact : Marie-Thérèse Beuzet
Tél : 02 98 71 93 72 – 07 82 04 88 36
Mail : patrick.beuzet@sfr.fr
Coordonnées GPS de la chapelle Saint Michel : 47.80853095091597, -3.505922253967753